JAZZ IN ARLES ou le bonheur d’un festival printanier servi par l’acoustique parfaite de la chapelle du Méjan. La programmation est préparée avec passion par Nathalie Basson et Jean-Paul Ricard. Retour aux fondamentaux pour cette 24e édition dont j’ai suivi trois soirées.
Louis Armstrong tout d’abord, évoqué mardi 14 mai par le duo Eric LE LANN / Paul LAY. Stupéfiant de découvrir à quel point la musique d’Armstrong nous touche à travers le temps. Elle reste urgente, généreuse, émouvante. « Armstrong c’est le plus grand de tous, » confiait Enrico Rava à Yoann Loustalot. Louis Armstrong et Earl Hines c’est aussi l’histoire d’une amitié et l’invention du duo trompette piano un jour de 1928. Rencontre fondatrice dont se souviennent Eric LE LANN et Paul LAY. Ils creusent le sillon avec bonheur et réinventent les thèmes qui ont fait le jazz dans les années 30.
Le lendemain JAZZ IN ARLES nous donnait rendez-vous avec Django Reinhardt. De Satchmo à Django ! Le temps d’esquisser Manoir de mes rêves et le trio CECCALDI nous embarque dans son univers flamboyant et virtuose. Nous avions beaucoup aimé DJANGO en création au festival de Souillac l’été dernier. Le projet a évolué, s’est enrichi de nouvelles compositions. Des instants de fulgurance, des moments de grâce. La voix enregistrée de Django qui vient se poser entre deux envolées et cet humour délicieux lorsqu’il nous est rappelé que GUILLAUME AKNINE avait un chien, dénommé Django – essentiellement amateur de John Cage et György Ligeti.
Deux concerts mémorables, nous plongeant au cœur de l’ADN jazzistique. Mais ce n’était pas tout… L’affiche du mercredi était double et nous réservait après Django un événement : le tout premier concert JOELLE LEANDRE / MYRA MELFORD. Les deux musiciennes font partie du Tiger Trio avec Nicole Mitchell. Mais elles n’avaient jamais joué en duo. Événement à double titre, puisque Joëlle n’avait pas encore participé à JAZZ IN ARLES. L’oubli est réparé avec cette première. L’apparente fragilité de la pianiste face à la contrebasse imposante de Joëlle. Un dialogue intense, passionnant de bout en bout. Une grande leçon d’écoute et de liberté au service de la musique qui advient. Et au final une profonde complicité.
On ne quittait pas les fondamentaux jeudi 16 mai avec ORBIT soit STEPHAN OLIVA, SEBASTIEN BOISSEAU et TOM RAINEY. Complémentarité et indépendance au service de la formule emblématique du jazz : le trio piano contrebasse batterie. On retrouve avec plaisir les titres anciens de Stéphan, remodelés dans l’alchimie de cette formation née en 2016 à l’abbaye de l’Epeau. Les nouvelles compositions sont magnifiques, qu’elles soient signées de Stéphan ou de Sébastien, subtilement dynamisées par la frappe nerveuse de Tom Rainey. Trois grands musiciens qui se sont trouvés pour écrire une nouvelle page de l’art du trio. Et l’on aurait aimé que tourne indéfiniment la grille d’accords de Lonyay Utça, thème somptueux de Sébastien.
Thanks a Million JAZZ IN ARLES !
Texte et photos: Jean-Yves MOLINARI