Jazz in Arles fête cette année ses vingt ans et, une fois encore, entend bien célébrer la diversité de cette musique de jazz née au début du siècle dernier, fruit de l’insoutenable situation que représentait l’esclavage et tentative jamais démentie de s’affranchir de ces odieuses chaînes dans une aventure musicale résolument libertaire. Dire du jazz qu’il est un moyen d’expression vital, celui de toute une communauté, est un doux euphémisme. Divertissant certes, mais pas seulement. Ne jamais l’oublier face aux tragédies de l’actualité récente.
Dans la chapelle du Méjan, lieu magique, intimiste et à l’acoustique exceptionnelle, nous aurons le plaisir d’accueillir quelques-uns des prestigieux représentants d’un jazz qui ne cesse d’affirmer son ancrage créatif dans l’expression de la musique vivante de notre temps. Entre tradition et modernité, écriture et improvisation, avec une thématique centrée autour des cordes, la contrebasse notamment, plusieurs générations de musiciens vont venir nous faire voyager, vibrer, rêver et partager les émotions les plus vives.
Héritier des grands saxophonistes de l’histoire du jazz, Dmitry Baevsky en revisite les grands standards avec une étonnante maîtrise. Le musicien parfait pour la soirée d’ouverture.
Dédiée à l’exercice subtil du duo, la deuxième soirée s’illuminera du dialogue raffiné et pétillant, précieux et sensible, de deux de nos meilleurs pianistes, Andy Emler et François Couturier, avec la contrebasse de Claude Tchamitchian et le violoncelle d’Anja Lechner.
Le lendemain, prélude à l’anniversaire du géant de la contrebasse, Barre Phillips, le guitariste Misja Fitzgerald Michel dévoilera en solo sa poétique sensibilité mélodique. Puis Barre Phillips et ses deux compagnons auront à cœur de célébrer les 80 ans du contrebassiste avec l’intensité inventive qui caractérise ce trio à la longue expérience.
Les invités du vendredi soir, fraîchement distingués par l’Académie du jazz, Stéphane Kerecki (prix du Disque français 2014) et John Taylor (prix du Musicien européen 2014), revisiteront avec bonheur les meilleures pages musicales du cinéma de la Nouvelle Vague.
Enfin, pour un finale d’exception, l’élégant Riccardo Del Fra, à la tête d’un magnifique quintette, rendra un juste et fascinant hommage à Chet Baker, musicien de légende dont il fut longtemps l’accompagnateur.
Nous vous donnons donc rendez-vous du 13 au 23 mai 2015 pour découvrir, aimer et partager en toute convivialité ces différentes facettes du jazz avec des artistes régionaux, nationaux et internationaux, pour des moments uniques à la chapelle du Méjan.
Soyez libres, soyez curieux !
Nathalie Basson & Jean-Paul Ricard
Le lundi 18 mai 2015 à 18 h 30 – Chapelle du Méjan
Vernissage de l’exposition de Jean Buzelin, suivi d’un apéro-concert.
A l’occasion de la 20e édition du festival Jazz in Arles, nous accueillons l’exposition de Jean Buzelin, grand amateur de jazz et dessinateur satirique hors pair.
Critique et historien de jazz, il a été producteur à France Musique. Il est également auteur et co-auteur de nombreux ouvrages sur le jazz, le blues, ou le gospel (Negro Spirituals & Gospels Songs, Le Petit Dictionnaire du Jazz classique…).
Sous le nom de Buz, ses dessins ont été publiés dans une trentaine de journaux et revues (La Petite Quinzaine, Le Monde de la Musique, Soul Bag, Jazz Magazine, Jazzman…). Ne se limitant pas à la presse, Jean Buzelin a également illustré un grand nombre de pochettes de disque, de livres, de magazines et d’affiches de festivals de jazz. Il sera l’auteur de celle de la 20e édition de Jazz in Arles.
« Jean Buzelin est un artiste complet et multiforme : peintre, dessinateur, graphiste, concepteur, maquettiste, affichiste, illustrateur mais principalement, viscéralement humoriste, satiriste, véritable homme de main (droite) à tout moquer, dénoncer, pourfendre, railler avec mordant certes mais sans perfidie, avec pugnacité sans outrance, drôlerie sans venin, malice sans roublardise, ténacité sans obsession, dérision sans déraison, décochant sans décodeur, décalant sans dérapage, désarçonnant sans désanchanter et même déconnant (parfois) sans désinformer, choses rare à souligner… Alors… pas besoin de faire un dessin… jetez donc un œil (et même les deux yeux) sur les siens et sur le travail ici présenté, je suis sûr que vous serez plus joyeux après qu’avant… On parie ? » Jacques Chesnel
APERO-CONCERT :
LOUD TRIO
Ludovic PRADARELLI, piano
Pierre-François MAURIN, contrebasse
Antoine MULLER, batterie
Pour ce concert, Loud Trio revisitera le répertoire d’Herbie Hancock. Cette formation interroge la forme du trio piano tout en s’inscrivant pleinement dans la longue tradition dont elle est issue. Le trio nous proposera une relecture des compositions et grands standards joués par le pianiste Herbie Hancock, une balade qui commence à la fin des années 1950 jusqu’à aujourd’hui.
Le mardi 19 mai 2015 à 20 h 30 – Chapelle du Méjan
DMITRY BAEVSKY TRIO
Dmitry BAEVSKY, saxophone alto
Kenji RABSON, contrebasse
Joe STRASSER, batterie
Formidable saxophoniste alto de la scène jazz new-yorkaise, Dmitry Baevsky est né en Russie. Avec un timbre sombre et chaleureux, une technique redoutable, un sens évident du drive, il est aujourd’hui l’un des saxophonistes les plus en vue.
Dmitry a joué et enregistré avec des musiciens tels que Benny Green, Peter Washington, Willie Jones III, Roger Kellaway, Jeremy Pelt, David Hazeltine , « Killer » Ray Appleton, Peter Bernstein, Cedar Walton, Dennis Irwin, Steve Williams, Joe Magnarelli, Ryan Kisor…
plus d’informations sur Dmitry Baevsky
Le mercredi 20 mai 2015 à 20 h 30 – Chapelle du Méjan
Soirée deux duos :
Andy EMLER / Claude TCHAMITCHIAN
Anja LECHNER / François COUTURIER
1ère partie :
Andy EMLER, piano Claude TCHAMITCHIAN, contrebasse
Depuis bientôt 20 ans, Claude Tchamitchian travaille dans différents domaines artistiques : création de musiques originales pour la danse et le théâtre, toutes ces créations étant toujours jouées et intégrées dans les différents spectacles.
En 1994, il créé et co-fonde Emouvance. Avec ce label installé à Marseille, il développe des projets artistiques qui s’inscrivent tous dans le monde la musique actuelle, soit écrite, soit improvisée. Emouvance est ainsi devenu, au-delà d’un label, une véritable structure de production.
Egalement depuis plus de 15 ans, il s’investit régulièrement dans des projets pédagogiques. Très impliqué sur la scène européenne, il a joué avec Eric Watson, Christof Lauer, Andy Sheppard, Linda Sharrock, Gian Luigi Trovesi, Barre Phillips, Ray Anderson, Ersnt Reiseger, Henri Texier, Jean-Marie Machado, Phil Minton, Chris Biscoe, etc…
Andy Emler, compositeur, pianiste, catalyseur d’enthousiasmes, initiateur de rencontres, arrangeur, passionné par l’improvisation, est un homme d’inventions.
Après les classes d’écritures, harmonie, contrepoint, fugue (Prix de contrepoint 1981 – variation pour orgue dans le style de J.S. Bach – au CNSM de Paris) et les bals du samedi soir (rock, pop), il se lance dans de multiples expériences avec des musiciens tels que : Antoine Hervé, Michel Portal, François Jeanneau, Woody Shaw, Trilok Gurtu…Il crée son laboratoire personnel, le MegaOctet en 1989 avec huit des « plus flambeurs improvisateurs » de la génération des années 1980 qui obtient le Django d’Or de la meilleure formation de jazz français 1992. Cette formation marquera fortement le paysage musical du début des années 1990.
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2e partie :
« Moderato Cantabile »
Anja LECHNER, violoncelle François COUTURIER, piano
Ces solistes hors pairs présentent leurs propres arrangements d’œuvres fascinantes de trois personnalités originales de l’histoire de la musique : G.I. Gurdjieff, Komitas, et Federico Mompou.
À des degrés divers, leur musique révèle les influences de l’Est, à la fois en termes de relation aux traditions populaires, à la musique religieuse, et philosophiquement.
Anja Lechner est une soliste classique avec un intérêt hors du commun dans l’improvisation, François Couturier un musicien de jazz qui voyage toujours plus loin du jazz.
Dix années de travail commun au sein du Tarkovsky Quartet les ont fortement liés, et ils poursuivent leur alliance dans le projet Il Pergolesi (avec la chanteuse Maria Pia De Vito).
Né en 1973, Misja Fitzgerald Michel a été élève de la classe de jazz de François Jeanneau au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Il a ensuite étudié en 1993 à la New School (New York) auprès de Jim Hall, Billy Harper et Kenny Werner. Il commence à jouer à cette époque avec Ravi Coltrane et avec de nombreux autres musiciens de la jeune scène new- yorkaise, comme Gary Thomas, Chris Potter ou Mark Turner.
La culture musicale de Misja Fitzgerald Michel déborde le champ du jazz et la filiation musicale avec le guitariste Jim Hall, maître aussi discret qu’unanimement respecté. Elle s’étend aussi bien à Bach et sa Chaconne pour violon seul – d’où sans doute son goût pour les thèmes joués en solo -, qu’à Jimi Hendrix. Guitariste de jazz, il est avant tout un musicien en liberté.
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2e partie :« Listening » à l’occasion des 80 ans de Barre Phillips et des 15 ans du Trio Leimgruber-Demierre-Phillips
Urs LEIMGRUBER, saxophone soprano et ténor Jacques DEMIERRE, piano
Barre PHILLIPS, contrebasseLe trio Leimgruber-Demierre-Phillips joue une musique essentiellement basée sur l’improvisation, sur la composition instantanée. L’écoute est au centre de la pratique des trois musiciens. Le jeu collectif et la responsabilité individuelle sont des fondamentaux dans leur manière d’arborder le phénomène sonore. Les trois solistes attachent un soin particulier à l’élaboration et à la gestion des micros-évévenements tout en travaillant simultanément à la construction de la forme globale. Urs Leimgruber a une longue expérience de l‘improvisation contemporaine de la composition, du jazz et de la musique moderne. Concerts solo et avec des ensembles réputés en Europe, au Canada, aux Etats-Unis et à Cuba. Concerts et enregistrements avec Joëlle Léandre, Marilyn Crispell, Fritz Hauser, Fred Frith, Steve Lacy, Lauren Newton, Tim Berne, Michel Doneda, Keith Rowe, Günter Christmann, Christy Doran, Louis Sclavis, Sunny Murray, Otomo Yoshihide, Günter Müller…Jacques Demierre, pianiste, performeur et compositeur, son travail musical et sonore se développe dans diverses directions: musique improvisée, musique contemporaine, poésie sonore, installation sonore. Ses compositions et réalisations sonores questionnent essentiellement l’écoute et l’espace sonore.Il collabore avec de nombreux musiciens improvisateurs : Thomas Lehn, Martial Solal, Radu Malfatti, Joëlle Léandre, Axel Dörner, Fritz Hauser, Sainkho Namtchylak, Urs Blöchlinger, Irene Schweizer, Hans Koch, Isabelle Duthoit, Brandon Labelle, Jason Kahn, Butch Morris, Carlos Zingaro, Gunter Müller, Jaap Blonk…Barre Phillips, depuis cet impressionnant jugement émis en 1970, Barre Phillips n’a pas cessé d’étonner et d’enchanter son public et les critiques. Compositeur tout autant que performeur, Barre Phillips travaille pour le cinéma, la danse et le théâtre. Il a composé la musique pour une douzaine de films (Robert Kramer, Jacques Rivette, William Friedkin, Marcel Camus…). Il a également composé une quinzaine de ballets (Carolyn Carlson, Dominique Petit, Yette Resal, Artefacte, Julyen Hamilton…), et de la musique de théâtre. Parallèlement à ces expériences il continu à être présent sur les scènes du jazz, de la musique improvisée et contemporaine. Il a enregistré 175 disques dont 30 sous son propre nom. Partout dans le monde, Barre constament sollicité comme soliste et improvisateur accompli.
Le vendredi 22 mai 2015 à 20 h 30 – Chapelle du Méjan
STEPHANE KERECKI QUARTET
« Nouvelle vague »
Stéphane KERECKI, contrebasse Antonin TRI HOANG, saxophone
John TAYLOR, piano Fabrice MOREAU, batterie
Réalisation image : Adrian Smith
A l’aube de la quarantaine, le contrebassiste Stéphane Kerecki recueille les fruits d’une patiente obstination : peaufiner son art et servir la musique avant toute chose. Son son de contrebasse, l’un des plus beaux qu’il soit donné d’entendre, et sa musicalité ont fait de lui un accompagnateur des plus appréciés (Jacky Terrason, Yaron Herman, Bojan Z, Jacques Schwartz-Bart, Daniel Humair), mais c’est depuis quelques années en tant que leader et compositeur qu’il s’est révélé, apportant une vision sereine, une intégrité et une douceur, sur les mondes du jazz moderne.
Cette adaptation très réussie des musiques de films de la période « Nouvelle Vague » sera présentée exceptionnellement dans un version « concert en images », avec la projection, sous forme d’interludes, d’extraits de films tels Pierrot Le Fou, Le Mépris, Les Demoiselles de Rochefort… une création visuelle réalisée par Adrian Smith. Stéphane Kerecki s’entoure d’une équipe exceptionnelle composée de Antonin Tri-Hoang, au saxophone, du fringant septuagénaire John Taylor au piano, héros du jazz européen et récompensé du titre d’artiste européen de l’année par l’Académie du jazz, et du batteur Fabrice Moreau.
Le samedi 23 mai 2015 à 20 h 30 – Chapelle du Méjan
Riccardo DEL FRA QUINTET « My Chet my song »
Nicolas FOLMER, trompette Pierrick PEDRON, saxophone alto
Bruno RUDER, piano Ariel TESSIER, batterie
Riccardo DEL FRA, contrebasse
« Après Marciac, My Chet My Song est devenu un quintet qui a tourné et qui tourne encore actuellement, notamment en Allemagne où j’ai eu la chance de rencontrer l’orchestre des mythiques studios de cinéma de Babelsberg.
Avec une formation orchestrale de cette qualité et avec des solistes sensibles à ma démarche, j’ai pu m’aventurer dans des expérimentations qui, dans les formats habituels du jazz, sont un peu plus rares. Pierrick Pedron amène un monde d’inventions mélodiques et d’émotions palpables. L’alto de Pierrick Pédron brûle de sensualité et d’énergie. Tous les deux portent les thèmes et mes mélodies de manière exemplaire. Billy Hart, peintre et sculpteur du temps, donne du relief à l’architecture avec un swing tellement naturel. La présence engagée et généreuse de Bruno Ruder sublime le tout par la réjouissante créativité de ses interventions solistiques. L’écriture reste ici au service de l’improvisation. Et ma contrebasse est heureuse au milieu de tout ce monde. Les pages tournent. Fenêtres ouvertes. Ecrites ou pas. Comme elles, entre hasard et nécessité, nous vibrons. Donc nous sommes. » Riccardo Del Fra